Les abeilles solitaires du printemps
Avec l’arrivée du printemps, vous allez pouvoir essayer d’observer quelques-unes des dizaines d’espèces d’abeilles solitaires de nos régions. Celles-ci peuvent se reconnaître à vue dans de bonnes conditions, ce qui est rare – et seulement les femelles, les mâles, plus petits, étant différents.
Les abeilles solitaires sont des pollinisateurs plus efficaces que les abeilles domestiques Apis mellifera, car elles se spécialisent moins sur un type de fleurs, et leurs collecteurs à pollen sont moins efficaces, elles perdent donc et distribuent plus de pollen sur chaque fleur visitée.
Ces abeilles ne vivent pas en essaim, chaque femelle investit ou creuse une galerie dans la terre, le sable, des tiges creuses ou des trous dans le bois ou le mortier des murs.
Ces galeries peuvent être voisines les unes des autres, on parle alors de « bourgade », et les abeilles bourdonnent autour, mais elles ne sont pas agressives du tout car elles n’ont pas d’essaim à défendre.
Photos d’abeilles solitaires
Andrena cinerea (F), noire et grise, avec le milieu du thorax noir luisant. Nid dans la terre.
Andrena vaga (F), une cousine noire et grise, avec tout le thorax couvert de poils gris. Précoce, butine surtout les saules. Nid dans la terre sableuse
Andrena fulva(F) à ne pas confondre avec les osmies, l’abdomen mais aussi le thorax sont couverts de poils roux denses, les pattes sont noires. Souvent sur les fleurs de groseilliers en avril. Nid dans la terre.
Osmia bicornis (F), une des deux espèces d’osmies du coin. Un aspect d’abeille assez costaud, voire de petit bourdon, avec l’abdomen roux seulement. Nid dans des
tiges creuses ou autres cavités (murs, trous d’écoulement des fenêtres…).
Osmia comuta a l’abdomen plus roux et le thorax noir.
Ici elle est en train de maçonner l’entrée de la cavité
pour la refermer.
Nids d’abeilles solitaires
Les nids occupent parfois les cavités les plus surprenantes !
Les tiges creuses en fagots (ici de la renouée du Japon, marche avec le forsythia, le sureau, le buddleia …) sont de bons aménagements pour les abeilles solitaires qui ne nichent pas dans le sol.
Encore meilleur, la buche de bois percée de trous avec toutes les tailles de foret (de 2 à 10 mm) sur 10 cm de profondeur, pour offrir un gite aux différentes espèces.
Dans une galerie, la femelle dépose des réserves de pollen, un œuf, fabrique une cloison, puis redépose réserves de pollen et un œuf et ainsi de suite dans plusieurs loges successives, avant de reboucher l’entrée de la galerie
L’abeille charpentière Xylocopa violacea
La plus grosse abeille du secteur, qui a plus une taille de frelon. Elle a du vous impressionner quand vous l’avez vu voler près des bâtiments, dès le retour des beaux jours ! Mais pas de panique elle est complètement inoffensive ».
C’est une abeille solitaire aussi, la plus grosse d’entre elles. Elle apprécie
particulièrement les pois de senteur, et la glycine.
Voilà l’échelle de taille à peu près grandeur nature. De gauche à droite, Abeille charpentière, Osmie cornue (F), Andrène fauve (F)
Pourquoi charpentière ? Cette abeille niche dans des trous dans le bois, qu’elle fait rarement elle-même, mais je viens d’apprendre qu’elle agrandissait les trous pour faire différentes loges, et comme elle est fidèle à son nid, elle peut finir par fragiliser le bois au bout de plusieurs années.
La première des techniques d’évitement consiste à laisser une large offre de gîtes (trous dans les murs, arbres morts, bûches de bois percés de trous de grand diamètre (je n’ai pas trouvé d’info, mais je pense que 12 mm conviennent)).
A défaut si l’abeille a jeté son dévolu sur une poutre d’habitation et que c’est gênant, vous pouvez l’éloigner avec : boucher les trous déjà existants là où vous ne voulez pas qu’elles s’installent ; déposer de l’huile d’amande dans et autour du trou ; diffuser de la musique forte pendant 2-3 jours à côté du trou.
*la femelle a un dard. Mais n’essayez pas de l’attraper ou de la tuer à mains nues non plus.
Photos et rédaction Mathieu T’Flachebba : mathieutflachebba@gmail.com
Merci à Simon Barbier pour les aides à l’identification